Les tunnels du masculinisme d’État

IMG_7482D’un côté un scientifique proche du parti au pouvoir recommande vertement les viols des mères et sœurs des Palestiniens en tant que « seul moyen efficace » pour empêcher définitivement l’ennemi de nuire.

De l’autre des dirigeants qui, à l’article 17 de leur charte, entendent conférer à « leurs » femmes le rôle d’« usines à hommes ».

Partout des discours de victimisation sur les femmes, les enfants et les vieillards, mis sur le même plan des impacts de l’abjection criminelle.

Netanyahu, ses partisans, ses ennemis du Hamas et les organisations internationales s’entendent au moins sur une chose : les femmes sont des objets dont il faut se servir pour avancer politiquement. Il s’agit ici aussi – comme en Afrique du Sud ou en Turquie – de faire la course au nationalisme par subalternisation des femmes interposée et par la démonstration d’une force, masculine, prête à utiliser l’ensemble des cellules humaines dédiées à la virilité pour rivaliser.

Quel que soit le bord des auteurs des actes, le viol ou la fertilisation des femmes représentent autant de vecteurs de l’instrumentalisation du corps des Palestiniennes. Le but est d’affirmer un masculinisme en pleine forme, qui plus est d’État. Car, de chaque côté, les protagonistes sont à la tête de gouvernements qui font autorité sur les populations depuis 2006. Qui plus est, élus. Ce masculinisme est institutionnalisé, toléré et intégré dans les tunnels discursifs des belligérants, aux plus hautes fonctions du pouvoir politique.
Le crime est bien là mais dépasse celui qui est dénoncé – le non respect des droits humains par Israël. En somme, il est disqualifié. Il s’agit moins d’une atteinte aux droits des Palestiniennes – quoique cette assertion soit juste – que d’une attaque meurtrière contre des êtres humains d’identité féminine et à travers elle la justification de la domination, c’est-à-dire la hiérarchisation des relations sociales et des sociétés régies par des rapports d’obéissance.
Ce masculinisme invasif et arrogant ne trouve pas de résistance. Et c’est bien le plus grave dans cette dernière version du conflit israélo-palestinien. Les tunnels et les murs de la ségrégation se transforment inéluctablement en autoroutes blindées du totalitarisme, de l’obscurantisme et de la négation.
Alors, sortons de chez nous et cassons les remparts de la domination… Créons des chemins vicinaux de la liberté, du possible, de la paix, partout !

Joelle Palmieri
31 juillet 2014

3 réflexions au sujet de « Les tunnels du masculinisme d’État »

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