En marche vers l’hyper-régression

Néoules vide grenier 1er mai 2017 - Version 2Procès honteux de Pontoise, élections sénatoriales sans renouveau, agression sexuelle de Baffy, élucubrations antiféministes de Finkielkraut, plaque au langage masculin en hommage à Simone Veil, polémique sur l’écriture inclusive… L’actualité française se montre particulièrement riche en abus de conservatisme. Le sexisme et l’antiféminisme vont bon train, on le sait, mais s’affichent désormais avec excès, se renforcent, s’accélèrent, dans une volonté commune, mais pas formellement concertée, de rendre compte d’un front réactionnaire, anti-égalitaire, revendiqué. Ces excès, renforcement, accélération caractérisent l’hyper-conformisme de la situation française. Les effets du macronisme, de la montée des populismes, la convergence des deux ? Sûrement. L’émancipation des femmes, leurs revendications, acquis, luttes, ont toujours représenté les fusibles de surtension des relations sociales. Aujourd’hui, en France, les femmes, avec la fantasmagorie qui les entoure, incarnent les cibles privilégiées de la régression sociale, sans que quiconque, parmi les progressistes, ne s’en émeuve. Et c’est bien dommage. La « politique du mâle », comme l’a nommée Kate Millett récemment disparue, participe pourtant de la construction hiérarchisée des relations humaines et organise la domination des hommes sur les femmes en stigmatisant sur elles les violences tout azimut ainsi que leurs banalisation et impunité. Une construction de « facilité » qui fait système et s’inscrit désormais dans un contexte mondialisé, lui-même hyper-violent. Ne pas identifier ce système, y compris dans ses versions les plus occultes – réforme du code du travail, réductions budgétaires – c’est participer de cette construction sociale régressive et violente. Alimenter les surenchères verbales, rhétoriques, épistémiques, c’est répliquer la primauté de l’ordre sur la liberté, de la force sur l’égalité, de la domination sur le pouvoir individuel. Négliger l’importance que le masculin ne l’emporte plus sur le féminin, c’est faire alliance avec une élite mâle, blanche, riche, en situation de surpuissance, qui entend bien renforcer sa position privilégiée, fondée sur l’oppression et l’aliénation de catégories sociales précises, et en particulier les femmes. Ignorer la disqualification systématique des crimes sexuels, c’est cautionner toutes les formes d’impunité. L’histoire qui est en train de s’écrire ici aujourd’hui est non seulement rétrograde mais nourrit un héritage hyper-excessif de la domination. Faire machine arrière devient vraiment difficile.

Joelle Palmieri
28 septembre 2017

3 réflexions au sujet de « En marche vers l’hyper-régression »

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